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Saïed, le président du peuple

Kaïs Saïed ne cesse de répéter que la loi sera appliquée à tous les contrevenants, que ces derniers devraient assumer la responsabilité de leurs actes et de leurs agissements et qu’il n’y aura aucune tolérance envers ceux qui compromettent les besoins des Tunisiens. Très en colère lors de sa visite inopinée dans une société de vente de matériaux de construction à Fouchana pour inspecter les canaux de distribution, il a annoncé aux habitants de la région le limogeage du gouverneur de Ben Arous et son remplacement par un responsable qui servira leurs  intérêts et non pas ceux des contrebandiers.     

Faut-il aujourd’hui compter seulement sur l’apport et les décisions du Président de la République pour amorcer la purge annoncée dans la lutte contre la corruption, le monopole des marchandises et des produits et la maîtrise de l’approvisionnement du marché pour augmenter les prix ? La volonté politique peut-elle vraiment suffire pour combattre la malversation, l’immoralité, la perversion et la dégradation des valeurs ?

On peut cautionner, comme on peut désapprouver les méthodes et la manière d’interpréter les choses par le Président de la République. Mais nullement celles d’interpeller les besoins des Tunisiens et d’appréhender les priorités de l’étape actuelle. Aussi important que cela, la façon avec laquelle les Tunisiens réagissent et se mobilisent autour de leur Président, autour de son style et de son discours.

Cela devrait certainement conditionner l’étape à venir. Dans ses différentes prises de position, bonnes ou mauvaises, Saïed est un président qui laisse rarement  indifférent. Il ne reprend pas un vieux rôle de répertoire dans un combat d’arrière-garde à contre-courant, à reculons et dos au mur. Il aime se donner pour mission d’accompagner les Tunisiens dans leur vie quotidienne, de favoriser le registre dans lequel ils sont censés se déployer. Il a sa manière bien particulière de voir et d’apprécier les choses. Une détermination débordante pour combattre la corruption,  une originalité dans la gestion et la maîtrise des affaires de l’Etat. Une façon à la fois simple et compliquée, mais aussi un goût prononcé pour l’audace et le courage. Nous sommes tentés même de dire pour tout ce qui paraît difficile, voire impossible à réaliser. Finalement, cette aptitude à vivre les grands moments avec un état d’esprit et un accomplissement bien particuliers. Le forcing de plus en plus rebondissant, de plus en plus expressif…

Il est évident qu’avant de s’attaquer aux grands chantiers ouverts, Saïed a su prendre le temps d’apprécier la marge de manœuvre dans laquelle un président de la République devrait s’engager. Plus de détermination, mais surtout plus de maturité. Quelque part une prise de conscience jamais tardive.

Dans un paysage politique déconcertant, il s’est  démarqué des procédures ordinaires. A sa façon de forcer les choses, mais aussi le cours des événements, il a su tenir les différentes parties prenantes autour de lui éveillées. Autant dire dès maintenant que le modèle politique qu’il préconisera et qui sera à la base de tout ce qui se conçoit, se développe et s’affirme, rompra avec plus d’une décennie de disette, de calvaire et d’égarement. Il sait parfaitement que ce qu’il est en train d’accomplir alimente les débats, et souvent de façon bien particulière. Mais il n’oublie pas qu’il n’y aura jamais de retour en arrière et que la Tunisie s’est investie de nouvelles attributions, de pouvoir et d’immunité.

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